Tabaski à Dakar : tout un cérémonial

Article : Tabaski à Dakar : tout un cérémonial
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16 octobre 2013

Tabaski à Dakar : tout un cérémonial

Dakar fête la Tabaski-Dorothy Voorhees
Dakar fête la Tabaski-Dorothy Voorhees

Mon premier article sur ce blog aurait du être une présentation. Vous dire qui suis-je, pourquoi un blog, pourquoi ce nom, Capharnaüm, et bien d’autres réponses à vos légitimes questions. Mais, actualité oblige, nous allons sauter l’article 0 et parler de la Tabaski.

La Tabaski au Sénégal. La Tabaski à Dakar.

Un touriste, débarquant au Sénégal, se demandera, et avec raison, pourquoi une telle effervescence, pourquoi cette ambiance des grands jours. C’est que nous allons vers un grand jour. On lui répondra: C’est la Tabaski qui se profile à l’horizon. La lune scrutée, aperçue, dénichée ou même introuvable, l’on fixe une date. Le dixième jour du mois de dhou  al-hijja             . Cette année, ce sera le 16 octobre. Quelques irréductibles « Ibadou Rahmane » ont décidés de suivre la Mecque. Comme d’hab. Dans ce pays, on fête rarement dans l’unisson. N’empêche, la fête sera belle.

Une semaine avant, les marchés refusent du monde, une cacophonie monstre y règne et les voleurs en profitent pour vider les poches des clients et se servir à même les étals des marchands trop occupés à compter les recettes de la vente.

Partout dans les rues, les artères de la ville, les terrains vagues ou inoccupés, les éleveurs et leurs moutons, venus de la Mauritanie, du Mali, du Niger ou de l’arrière-pays, s’installent. Certains viennent de particuliers qui élèvent quelques têtes de bétail dans les cours, arrière-cours et terrasses des maisons. Par pure passion ou pour l’appât du gain.

Un mouton pour toutes les bourses : du « ray mou dé, rayoul mou dé » à 25 000 F ou 35 000 F CFA au bélier aux  cornes immenses que tout le voisinage viendra reluquer, à la grande satisfaction de Monsieur qui dira à Madame : Il m’a coûté la bagatelle de 1 500 000 F. Rien que ça !

Plus qu’un jour. Les derniers préparatifs vont bon train; le boubou, tout droit sorti du tailleur, n’attend plus que l’appel à la prière. Le mouton bêle et ses congénères  des alentours lui répondent. Serait-ce un adieu ? Qui sait ! Je ne parle pas le mouton !

22 heures. C’est l’heure d’aller se mettre au lit. Gare à ceux qui rêvent déjà de viande, de grillades et de steaks saignants. Une vieille superstition dit que celui qui trop pense à la viande se réveillera la bouche enflée, incapable de faire honneur au festin servi. Alors au lit et rêvons de … cordes et de cornes.

Jour J. Réveil à 8 h 30. La prière est dans une heure. Un brin de toilette. Place à l’habit neuf, aux babouches ou aux chaussures, sentant encore le cuir. La famille, sur son trente et un (ou sur son Aïd), au grand complet, se dirige vers la mosquée pour la grande parade … pardon, la grande prière de l’Aïd-el-Kebir.  On arrive en voiture ou à pied, sourire aux lèvres, fiers comme un monarque et sa suite. Il faut, à tout prix, que les tous les regards se braquent sur vous.

Pour beaucoup, la prière n’est qu’une formalité, l’essentiel est ailleurs. Selon l’humeur et l’érudition de l’imam, elle dure trois ou cinq, voire dix minutes suivi d’un sermon en arabe le plus souvent, que tout le monde écoute et que la plupart ne comprenne pas. Puis l’imam égorge son bélier (remarquez bien, je ne dis pas mouton mais bien bélier ; l’imam a toujours un gros bélier, payé de sa bourse ou de celle d’un bon Samaritain) et donne le coup d’envoi. Défense formelle de tuer son mouton avant l’imam : votre sacrifice risque fort alors de ne pas s’élever vers les cieux, il ne dépassera même pas la hauteur du chéchia du haut dignitaire.

Puis, chaque père de famille rentre chez lui, et, entouré de sa famille, égorge son mouton ou son bélier. Puis… la suite ne se raconte pas, elle se vit. Je vous invite tous à venir déguster un bon plat bien assaisonné de viande saignante.  Si j’en sors indemne, peut-être que cet article aura une suite. En attendant, Aïd Mubarak à tous. Bonjour Dakar. Bonjour l’Afrique. Bonjour le monde. Bonjour Mondoblog.

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Commentaires

Mouhamed
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Bien élucidé bon début et du courage.

Khadim
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merci MLN Merci de t'être dérangé pour lire mon article