Une nuit dakaroise
C’est la nuit. Rien à faire. C’était pendant la panne sèche.Pas de films, marre des livres (il m’arrive parfois d’en avoir marre, mais cela ne dure jamais, Dieu merci !, juste quelques heures).
Que faire alors ? Pourquoi pas un article pour Mondoblog ? Ecrire. Je voulais écrire un article et j’ai écrit ceci. J’ai voulu alors le ranger dans un tiroir, comme tous les autres, comme tant d’autres. Il en est sorti de lui-même. Alors le voici : j’espère qu’il vaut la peine d’être vu et lu.
Dakar la nuit.
La nuit Dakar.
A l’heure où les artères se vident, où ne roulent que les taxis, et les cars rapides.
Dakar la nuit.
La nuit. Dakar.
Je marche. Je marche toujours. Aussi longtemps que je me souviens, je marche.
Marchent aussi ces femmes, vêtues comme pour la plage, à minuit.
Il fait froid, je marche, elles marchent…
Pas de taxis à cette heure : les prix haussent le ton
Et les cars bariolés déglingués pas si rapides passent au compte-gouttes
Pas de femmes juste des hommes qui reviennent de quelque part de nulle part
Et pourtant il y a des femmes qui marchent cette nuit vêtues comme pour la plage
Et pourtant il fait si froid…
Il y a aussi ceux qui dorment blottis comme un paquet oublié par un marchand trop pressé paquet d’os de fièvres de glaires et de rhumatismes perdu sous la lune les lampadaires et le regard de Dieu qui veille peut-être sur eux
Regard qui clignote.
Dakar la nuit.
La nuit. Dakar.
Il y a toujours un homme qui marche, cette nuit et toutes les nuits
Moi ou un autre ou une autre.
Un homme marche puis s’arrête
Une de celles qui marchent s’arrête
Un taxi s’en va mais reviendra bientôt
Là-bas des hommes attablés ne peuvent s’arrêter de rire de mâcher de boire
Ils brillent, ils flambent ils détonnent, feux follets, lucioles maîtres de la nuit de cette nuit
Puis hausseront le ton et s’en iront eux ne marchent pas.
Il est quelle heure ? Minuit ? Une heure ?
Qu’importe ! La nuit c’est juste la nuit peu importe l’heure
Et il y a ceux qui marchent et ceux qui ne marchent pas.
Un taxi s’en revient vide ou presque léger
Et marchent toujours ceux qui marchent.
Les taxis haussent toujours le ton et la goutte ne tombe toujours pas.
Alors je marche comme toujours dans Dakar.
Il fait nuit.
Je marche toujours.
Aussi longtemps que je me souviens je marche.
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