5 6 7 rues plus loin
« Garçons jouant au foot » par Olivier Epron
Une rue
une de celles où j’ai perdu mon enfance
et ma jeunesse
j’y ai grandi
joué au foot, j’y ai fait le fou, j’y ai découvert l’amitié
Une rue joyeuse, éclatante, comme un soleil d’été à la plage un après-midi
rue sablonneuse bac à sable
Une rue d’enfants qui ne savent pas ce qu’est la vie
Car
la vie à cet âge c’est juste un matin un midi et un soir
et des événements qui viennent la meubler comme une pièce
Puis un jour
un homme y est mort dans cette rue
Un jour un homme est mort dans cette rue
et depuis elle n’est plus la rue
soleil et sable
de mon enfance, de ma jeunesse
Le sang de cet homme a repeint mes souvenirs
a redessiné ma vie
Sur un tableau gai un peintre a peint la mort
La Joie de vivre est devenue Guernica
Que n’est-il mort 5 6 7 rues plus loin ?
Que n’est-il mort ailleurs,
ce malheureux !