Khadim

Toutes mes sincères excuses, M.Moussa Touré !

 

Crédits photo : Page Facebook Ministère de la culture du Sénégal
Crédits photo : Page Facebook Ministère de la culture du Sénégal

Des excuses ? Pourquoi ? Vous allez le savoir, si vous prenez le temps de vous installer, comme au cinéma.

Je voudrais vous parler de Moussa Touré, mon compatriote, le cinéaste, qui nous a réalisé dernièrement un très bon film, La Pirogue, et c’est de ce film qu’il est question ici.

Je viens juste de le voir (avec force retard) mais ce n’est rien, y a bien des gens qui regardent encore des films sortis en 1930 ; alors, 2012, ce n’est rien.

Je disais donc : je viens de le voir, et, paradoxalement, je m’excuse de l’avoir vu. Je m’explique. Après l’avoir maints fois raté quand il était à l’affiche à l’Institut Français (la raison, l’heure ne m’arrangeait pas – 19 h 00 – mais pour dire vrai, j’étais trop fauché pour me payer une séance ; mais cela je l’ai déjà dit dans un autre article), après avoir attendu une heure et plus à un colloque barbant et mensonger qui promettait de le diffuser, pour me rendre compte, une heure après, que j’étais venu en retard , et le film n’étant à l’affiche ni au Goethe-Institut ni à l’Aula Cervantès, j’ai sauté sur l’occasion quand je l’ai vu… sur un site de téléchargement. Et je l’ai téléchargé (mais il m’en a fallu du temps). Et je l’ai enfin vu. Et je me félicite de l’avoir vu (c’est un chef-d’œuvre) mais, paradoxalement, je m’excuse auprès de son auteur, monsieur le talentueux cinéaste Moussa Touré, de l’avoir vu ainsi, de manière illégale. Parce que cela ne lui rapportera pas un sou en poche ni ne lui permettra de nous offrir d’autres films de la même qualité.

Mais, avais-je le choix ? J’étais fauché, et je le suis encore ! Et je sais que, tout comme moi, des milliers de Sénégalais – que dis-je – des millions de Sénégalais et même d’Africains veulent voir ses films ou les films de ses confrères du continent mais n’ont pas les sous pour. Ou, s’ils les ont, ils n’ont pas de salles de cinéma. Chez moi, à Dakar, pour voir un film (de qualité) de temps en temps, il faut aller soit chez les Français (Institut Français), soit chez les Allemands (Goethe-Institut) ou les Espagnols (Aula Cervantès).

Le théâtre Sorano, le Grand Théâtre, le centre culturel Blaise Senghor ou la Maison de la culture Douta Seck proposent, mais très rarement, des séances de cinéma ; pour les deux premiers, on peut les comprendre : ce n’est pas leur mission première, mais pour les autres, c’est une lacune. Et tous, Occidentaux comme nationaux, nous les servent à des heures impossibles. Bref, c’est un autre débat.

Dire alors, après cela, que le cinéma sénégalais se porte bien, ce serait exagéré. Certes, le Sénégal s’est bien comporté dernièrement (La Pirogue, Tey (Aujourd’hui) d’Alain Gomis, Président Dia de Ousmane William Mbaye ont raflé les prix de par le monde (Etalon de Yennenga, Tanit d’or etc.) mais combien de Sénégalais les ont vus ces films ? Des films qui pourtant leur parlent et dont on pourrait même dire qu’ils sont faits pour eux – tout le contraire des films que l’on nous propose à longueur de journée sur nos maudites chaînes de télévision. Encore un autre débat.

Alors, la faute à qui ? Pas la peine de chercher loin. C’est tout trouvé. S’il ne pleut pas, c’est la faute à Dieu ; si la marmite ne bout pas, c’est le paternel qu’il faut apostropher ; eh bien ! si rien ne va dans nos pays, c’est à nos dirigeants qu’il faut demander pourquoi. Nous leur avons confié nos destinées (vous, pas moi) et ils nous ont promis la pluie (que Dieu se repose donc), la marmite sur le foyer (que nos pères aillent se reposer) et tout ce qui va avec.

Alors, messieurs les politiciens, où sont nos salles de cinéma ?

Mais les leur demander, autant demander une danse à un cul-de-jatte ! Ils ne nous donnent rien d’autres que des scandales à répétition, des « promesses qui n’engagent que ceux qui y croient » (dixit Abdoulaye Wade), du vent et des espoirs déçus.

Alors, pour finir, j’entonne la tirade de Lansana (personnage de La Pirogue), joué par un Laïty Fall que je découvre excellent comédien (dans nos sketchs télévisuels minables, il ne se faisait remarquer qu’en tant que babillard, histrion et bouffon) : « Vous les hommes politiques, j’ai une chose à vous dire, je suis un homme africain qui a décidé de rentrer dans l’histoire par ses propres moyens ; allez vous faire foutre, je vous emmerde !!! »

Sans langue de bois ! A bon entendeur, salam, et mea culpa.


Bal(l)ade d’un homme et d’un chien perdus

Crédits photo : wawaa.canalblog.com
Crédit photo : wawaa.canalblog.com

Pour finir l’année en beauté – ou presque – rien ne vaut un poème (pas très gai, mais pas trop triste). A l’année prochaine. Bonne année

 

Bal(l)ade d’un homme et d’un chien perdus

Je ne sais plus si je courais ou si je marchais

mais je m’en allais comme le Bateau ivre seul

Et voilà que je rencontre un chien

Comme moi il était perdu

comme lui j’étais perdu

alors

On s’est mis d’accord pour faire une trotte ensemble

et depuis l’on ne se quitte plus

Deux perdus qui se rencontrent, quelle aubaine !

Et un jour hélas ! son maître le retrouva

J’étais seul j’étais perdu                       toujours

Alors j’ai suivi tout penaud le chien

Pas de chance son maître était belle

mais elle ne voulait pas de moi

Alors je suis parti tout seul

Toute une trotte et je ne sais pas pourquoi

Loin très loin je me retourne

Et voilà que je vois le chien

Il m’avait suivi le chien

Son maître était belle mais son maître était conne

Et puis c’est pas tous les jours

que deux perdus se rencontrent

On s’est remis d’accord pour refaire une trotte ensemble

Deux perdus qui se rencontrent c’est pas tous les jours que ça arrive

Depuis l’on ne se quitte plus

Et je lui ai dit au chien :

Quand l’un de nous mourra le survivant le bouffera

Du tout ! m’a-t-il dit, nous ne sommes pas cannibales

L’on s’est promis alors de mourir le même jour

De vieillesse de chagrin ou de vide sentimental qu’importe

L’on s’est promis de mourir le même jour

Et si jamais le Ciel nous ouvre ses portes

Bras dessus pattes dessous

L‘on s’en ira dire bonjour au Grand Perdu d’En-Haut

Pattes dessus bras dessous

L‘on s’en ira dire bonjour au Grand Perdu d’En-Haut

 

 

 


Les prisons sénégalaises : un mouroir !

Crédits photo : lifixew.com
Crédits photo : lifixew.com

J’ai une tribune pour m’exprimer, des choses qui m’interpellent et une modeste plume, alors pourquoi me taire ?

Tout dernièrement, les journaux ont encore parlé des prisons. De la plus célèbre, Rebeuss. Rebeuss la terrible. Pas de Karim Wade ou des politicards supposés voleurs qui y croupissent. Mais d’un jeune qui y est mort, et, selon le certificat de genre de mort, c’est loin d’être de manière naturelle. Il serait mort par strangulation et avait plusieurs « plaies contuses » sur différentes parties de son corps. Digression : voilà une information qu’on ne verra pas au J.T. de la chaîne nationale.

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Bref, ou, plutôt, hélas, est-ce une chose nouvelle ?

Tout le monde le sait, mais ne le dit jamais : dans les prisons sénégalaises, on meurt comme des mouches. Les matons tuent, la tuberculose tue, d’autres maladies aussi tuent, les codétenus tuent et j’en passe. Rares sont les prisonniers condamnés à de longues peines qui en voient le bout. Soit ils meurent en prison, soit ils sortent mourants pour… mourir dehors. Et soigner les statistiques.

Seuls les nantis sortent du lot, comme toujours. Incarcérés, ils vivent à part, loin des chambres « populeuses » (le fameux « paketass *») où s’entassent ceux qui n’ont pour capital que leur vie.

Source : Page Facebook de Simon (Y en a marre)
Source : Page Facebook de Simon (Y en a marre)

La faute à qui ? A une société qui n’a aucun égard pour ceux qui ont la malchance de se retrouver derrière les barreaux. Et qui s’en fout royalement de ce qui peut leur arriver. Tant que cela n’arrive pas à un proche.

Mais, comme dit plus haut, dans une société où l’on court toujours après l’argent, il y a détenu et détenu.

Ceux qui y sont à cause « d’un coup du sort », qui n’y sont pas à leur place, peu importe le délit ou le crime commis, et qui n’y restent jamais longtemps. Et qui en sortiront comme s’ils venaient de passer un peu de temps à l’hôtel.

Et les autres (décidément, ces temps-ci, j’aime ces trois mots), ceux qui y sont parce que là est leur vraie place, qui y retourneront tôt ou tard, car, dehors, personne ne veut d’eux, pas même leurs parents. Car, pour la société, ils n’existent plus; et la réinsertion étant quasi inexistante, ne sachant ou ne pouvant rien faire, ils n’ont d’autre endroit où aller que la rue – la  rue, le plus court chemin qui mène vers la prison. Ainsi, dans certains quartiers, ceux qui ont déjà fait de la prison ont huit chances (???) sur dix d’y retourner.

Y a-t-il une solution, en fin de compte ? Peut-être ! Espérer (hélas ! juste espérer) que les mentalités changent et que la société cesse de percevoir la prison comme un point de non-retour, un purgatoire pour âmes perdues. Car la volonté politique faisant cruellement défaut, rien d’autre, à mon avis, ne peut influer sur la courbe des choses. Les nouvelles prisons n’y feront rien – Le Sénégal indépendant n’a jamais construit de prisons, toutes datent du temps des colons (ce qui veut tout dire) – si l’on n’attaque pas le mal à la racine. Car ne sont victimes de ces sévices, la plupart du temps, que les prisonniers dont personne ne se préoccupe.

Et Dieu sait que les politiques savent ce qu’est la prison. La plupart y ont séjourné, à la suite d’un différend avec le maître du moment ou pour un détournement, réel ou supposé. Mais les politiques étant dans la classe des nantis, des « réseautés », pour eux, c’est juste un bon point pour le c.v., une preuve de constance, d’engagement ou de loyauté à des idéaux ou un parti.

Mais si la prison n’était que cela pour tout le monde : une étape – surmontée – dans une vie. Si seulement elle n’était que cela !

 

Paketass ; vient du français paquet, désigne la façon inhumaine dont les détenus sont parqués dans des chambres minuscules par centaines ( voir la photo)


Il était une fois Mandela… et les autres

info-afrique.com
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Il était une fois une terre où vivaient des hommes, l’Afrique,

Il était une fois un peuple sur cette même terre, quelque part dans le Sud ;

Puis un autre peuple est venu d’ailleurs et s’est rendu maître, par la force et la ruse, de cette terre

–  Et un peuple en a asservi un autre, parce qu’ils disaient : «Nous sommes différents ».

C’était les débuts de l’apartheid.

Ce peuple asservi, c’était les Noirs d’Afrique du Sud.

Puis un homme est venu dire non à ce système, au mépris de sa vie, de sa liberté.

Car il luttait pour son peuple qui n’avait plus de liberté, il luttait pour l’Afrique et pour l’humanité.

Et cet homme a fini par vaincre le système.

Mais, pour cela, que d’épreuves traversées, de souffrances endurées, d’humiliations subies.

Cet homme, c’était Mandela, Nelson Mandela.

Et, depuis le 5 décembre 2013, cet homme n’est plus.

Cet homme était devenu président de cette terre d’Afrique du Sud.

L’opprimé avait à sa merci l’oppresseur.

Mais il a pardonné, il a montré à tous ce qu’était le pardon.

Car nous savons tous ce qu’est le pardon, mais nous ne pardonnons guère.

Ou, alors, peu d’entre nous le font.

Et c’est, avec son combat, ce que je retiendrai le plus de lui.

Mandela, pour moi, c’est un homme qui a dit non, qui a lutté pour ses principes et qui a pardonné.

L’un des meilleurs hommes qui soient.

Mais, hélas !, il y a eu Mandela… et les autres. Les autres, ceux qui nous dirigent, qui nous ont dirigés ou qui veulent nous diriger et qui ne sont pas Mandela. Ils sont légion et ils sont partout, dans tous les pays.

Vous les autres, un homme fut qui n’est plus.

Un homme comme vous et moi, et qui a fait, à lui seul, plus que vous tous (ou presque) réunis. Prenez-en de la graine. Pour que son combat ne soit pas vain. Pour que l’Afrique, et l’humanité toute entière, vivent comme il l’aurait souhaité : en frères et sœurs, en hommes libres, sans distinction aucune.

A bon entendeur. Repose en paix, Madiba et veille sur nous et les autres.

info-afrique.co


Fauché, en décembre, comme un rat d’église (musulmane)

Crédits photo: fr.123rf.comJe suis fauché, comme ce champ
Crédits photo: fr.123rf.com
Je suis fauché, comme ce champ

 

J’ai cassé ma tirelire et pas même de quoi amadouer, soudoyer un videur.

Non. C’est juste pour rire. Je n’ai pas de tirelire (et même si j’en avais un, ce serait tout comme), et je ne vais plus en boite depuis six, sept ans. Pour être même plus prêt de la vérité, je n’y suis jamais allé. Quoi !!!? Moi, j’étais plus choladera (si tu ne connais pas, ça veut juste dire soirée dansante), boum au salon sous les yeux attentifs et outrés des parents (encore du pipeau). Non, dans mon temps (c’était il y a juste huit ans), on se contentait des teufs du quartier ; les night-clubs, c’était loin, c’était cher et c’était un niveau au-dessus. Vous pouvez en déduire la jeunesse sage que j’ai eue. Mais les temps ont changé et les jeunes sont de plus en plus précoces. Bref, c’est un autre débat.

Je disais donc : décembre s’annonce et je suis aplati (portefeuille y compris) comme une ruelle qui attend son fameux goudron. Mais si ce n’était qu’aujourd’hui. 2013 a été (elle n’est pas encore finie) une année naze : ils m’ont coupé la bourse (mais j’ai encore la vie et elle continue !) et depuis le début de l’année, calme plat.

Crédits photo : panoramio.com
Crédits photo : panoramio.com

 

Déjà, en janvier, j’étais fauché, en février, j’étais fauché, en mars, j’étais fauché, avril, idem, mars, itou, juin, juillet, août, pitoyable comme le paysan qui ne voit pas encore l’ombre d’un nuage, septembre, fauché, octobre, novembre, pareils. Et décembre vient boucler la boucle à la gorge de cette année catastrophique.

Mais pourquoi j’attends décembre pour me plaindre ? Parce que j’ai une tribune où m’exprimer, pardi ! (et presque pas de lecteurs). Oui, entre autres raisons. Pour dire vrai, ayant débuté l’année au fond du trou, j’aurais espéré la terminer autrement, en beauté (ou tout comme).

Car pour fêter décembre comme il se doit, il faut être riche comme Crésus, sapé comme un Congolais et à la page comme Facebook. Et je ne suis ni Crésus, ni Congolais, encore moins à la page.

Crédits photo : inzocongo.net
Crédits photo : inzocongo.net
Crédits photo : paperblog.fr
Crédits photo : paperblog.fr
Crédits photo : amabilia.com
Crédits photo : amabilia.com
Crédits photo : afriquechos.ch
Crédits photo : afriquechos.ch
Devant toutes ces photos j’ai pas pu résister

Et comme décembre est un mois spécial pour moi (pour ceux qui savent), ce serait dommage de la passer à compter les poteaux et à vider un stylo sur du papier bas-de-gamme. Bref (ou plutôt rebref), ce billet est mort de sa belle mort, car il n’avait pas de raison d’être. La faute à l’insomnie !

P.S. : J’aurais aimé vous entretenir de choses plus sérieuses, mais, comme nous, nous carburons à l’inspiration (et elle ne se commande pas), on fait avec ce que l’on a. A bon entendeur, salam. Bon décembre et vivement 2014. Et pourvu qu’elle soit meilleure.


Le temps du Seigneur, le temps des Blancs et le notre ou l’heure sénégalaise

cieljyoti.wordpress.com

Crédits photos : cieljyoti.wordpress.com

N’allez pas croire que nous avons notre heure à nous, comme ces Toubabs qui s’amusent à ajouter ou à retrancher une heure, selon la saison, au Temps du Seigneur. Car il faut bien le dire, l’heure nous appartient certes, ça c’est vrai, c’est une création de l’homme, et la minute et la seconde et la montre qui les héberge tous, et les tracas et soucis qu’elles nous causent, mais le Temps ce n’est pas à nous, c’est au Grand Patron, c’est son invention, alors respectons son droit d’auteur !

Se plaindre du Temps ou ne pas s’en accommoder, c’est comme la souris dans sa cage au laboratoire qui en a marre de la promiscuité qu’on lui impose (comme si elle connaissait quelque chose en matière de budgets serrés en ces temps de crise), ou le ver dans l’intestin (le votre, pas le mien) qui se plaint de ne pas dîner à des heures fixes.

Nous, le temps, ou l’heure, pour être plus exact, on n’en a rien à battre. C’est une sottise importée du Pays des Blancs. Avant eux, c’était le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, on se lève avec le soleil et on se couche après lui, sauf si la lune daigne le suppléer. Et tout était réglé comme la succession du Fils au pouvoir après la mort du Père, selon la volonté du Saint-Esprit, le peuple.

Les Blancs, c’est la pire chose qui puisse arriver à un Africain, après les Noirs qui nous dirigent, s’entend. Eux, ils sont… Noirs et Blancs ; allez savoir même si c’est leur vraie couleur. Bref.

Je m’égare ; revenons à notre sujet du jour : le temps, et surtout l’heure sénégalaise.

Ce n’est rien d’autre que la fâcheuse habitude qu’ont mes compatriotes de se moquer éperdument d’arriver à l’heure à un rendez-vous ou de se pointer à l’heure au boulot.

Je vous donne un exemple : Supposons que vous deviez retirer un document administratif dans un des nombreux services de l’Administration sénégalaise. Même si l’on vous dit de venir à huit heures pétantes, surtout n’y allez pas à cette heure. Ou alors emportez un livre avec vous, ou un tricot, ou mieux, un tabouret pour vous asseoir. Vous en aurez besoin, car vous risquez fort de perdre votre temps et de vous tourner les pouces. Allez-y vers neuf heures, neuf heures trente, voire dix heures. Et croisez les doigts : on tombe souvent malade chez les fonctionnaires.

Et le comble c’est que si vous vous pointez en retard, vous n’avez plus qu’à revenir demain ou un autre jour. Car la dame (c’est presque toujours des dames) sera déjà partie. Ils n’arrivent jamais à l’heure et repartent toujours avant l’heure. Si l’heure de la descente (c’est ainsi qu’on nomme la fin de la journée de travail chez nous) c’est treize heures, ne venez surtout pas après midi. Vous n’y trouverez que les travailleurs consciencieux (fort rares, mais ils existent) et des couloirs et des bureaux vides. Et on se demande toujours pourquoi le pays en est là ! Bref, ça c’est pour l’administration.

Avec le commun des mortels, le citoyen lambda, le Sénégalais moyen, c’est la même chose.

Si vous avez l’intention de lui fixer un rendez-vous, renoncez-y si vous le pouvez. Sinon, donnez-lui le temps de venir à l’heure. – Tout ce que je viens de dire plus haut est tout à fait logique – Car son heure n’est pas la votre. Vous lui dites : « On se voit à 15 heures ». Il vous entendra, il vous comprendra mais il n’en fera qu’à sa tête. Son heure n’est pas la votre.

Ceci est vrai à un tel point qu’il s’est créé une nouvelle expression pour dire venir à l’heure :
– On se voit demain, sans fautes.
– T’inquiètes. C’est noté. A quelle heure ?
– 18 h. Heure américaine.
– Tu crois parler à qui ? J’y serai.

Il y sera, c’est indéniable. Au Sénégal, on ne pose pas de lapin ; on dit juste au lapin de vous dire de nous attendre, de patienter. De nous donner le temps d’arriver à l’heure. A notre heure. Mais seul Dieu sait quand.
A bon entendeur. Salam


Qui a dit que le latin est une langue morte ?

Même les Romains en perdent leur latin

Dessin de Marine Fargetton : unprintempspourmarnie.mondoblog.org

 

Saviez-vous que Dieu n’aime pas le latin. Oui. Ou alors mon Dieu à moi. Cette langue, Il l’a en horreur. Il l’abhorre.
Primo, Il leur a envoyé (eux, ce sont les Romains, ces maîtres du monde antique, qui parlaient … latin) Néron, et maints autres tyrans. Oui, vous me dirais qu’ils ont eu tout de même César, Auguste et je ne sais plus qui ; mais n’oubliez pas que la folie et la cruauté de Néron a vaincu deux millénaires et que ni Mobutu ni Bokassa, à mon avis, même coalisés, ne pourront l’égaler.

Bref… Secundo, Il leur a envoyé – qui ? – les Barbares, à leur tête Alaric, un chouette monsieur, qui mit Rome à sac. Quelques années après, plus d’Empire romain, mais le latin, comme tous les enquiquineurs, a la peau dure. Et ni le temps ni les langues nouvelles, bien en bouche et sur toutes les… langues, n’y ont rien fait. Langue satanique, elle fait de la résistance. A la longue, mon Bon Dieu risque d’y perdre son… latin – zut, encore lui – et alors ce sera le remake de Sodome et Gomorrhe subissant l’ire des Cieux.
Je disais donc, l’Empire romain et ses Romains morts au 5 siècle après J.C, la langue aurait dû suivre. Mais ce qui tue les hommes ne tue pas une langue. Surtout quand cette langue a pour nom : latin. Vous me demanderez : « On la parle où ? En Amérique latine ? En Italie ? Où, Bon Dieu ? » Je vous répondrais : « On la parle à l’église (pas dans toutes), et aussi par les vieilles têtes pédantes du siècle dernier et dans les amphithéâtres. Surement aussi en Enfer. N’ayant jamais mis les pieds dans une église (mais curieux comme je me connais, ça viendra) et n’étant pas, à mon avis, ni vieux ni pédant, je ne pourrais vous parler que du latin dans les amphis.

César, mort, Brutus, l’ayant tué, mort, Néron, mort, bref tous les Latins six pieds sous terre ou sous lave, que peut bien faire cette langue-zombie sur terre. Et bien, elle n’est encore là que pour hanter mes nuits et jours d’étudiant de Lettres Modernes.

Mais est-elle elle-même fautive. Non. La faute incombe aux « ressusciteurs » d’antiquités et de langues mortes qui nous l’enseignent. Eh oui ! On est en 2013, deuxième millénaire après J.C. et on continue à nous bassiner avec cette… revenante. Sous prétexte que ça aide pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la langue française, qui lui doit une fière chandelle, on nous la sert, déclinée à toutes les sauces : conjugaison latine, déclinaison des verbes latins, historique du latin de la Rome à la Gaule de Rabelais (sic).

Ainsi l’on vous apprend que tel ou tel mot vient d’un mot untel, -j’aurais pu vous donner quelques exemples mais j’ai plus un mot de latin en tête (ou presque) – Sans elle donc, pas de français, partant pas de Voltaire ni de Victor Hugo ni de Baudelaire ou de Sartre, encore moins de Césaire ou de Senghor. Mais aussi, me susurre mon Sancho Pança, si, sans le latin, pas de français et qui dit français dit francophonie, dit aussi R.F.I., dira forcément … Mondoblog et …
La ferme, Sancho, j’ai compris. Touche pas au latin ; mais s’il vous plait, Mesdames Messieurs les pédants, allez l’apprendre à d’autres.

Au hasard d’une lecture, (La Belle du Caire de Naguib Mahfouz), j’ai appris, avec stupeur, tremblement et indignation qu’en 1933, en Egypte, on apprenait le latin. Ça m’a dressé tous les cheveux de la tête. Quel calvaire cela a du être. En parlant de l’Egypte, il parle quelle langue, Sancho ? – L’arabe. Pupain ! La poisse ! Encore une langue que je ne porte pas dans mon cœur. Astaghfiroulahi ! Mais ne le dites à personne because I’m muslim. Pourquoi ? Cela fera peut-être l’objet d’un article.

P.S. : Dites-moi, d’aventure, si l’un d’entre vous a jamais appris le latin, à quoi ça lui a servi et comment il s’en est sorti. Moi, ça ne m’a servi à rien. Rien de rien. Touss, nada, fuck, rien, comme on dit chez nous. Ça m’a juste poussé à ne plus vouloir croiser un cours ou un livre de latin de ma vie. Traumatisé à vie. Sans blagues. Ils me doivent réparation.